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Autodidacte, Alex Ducarel se lance par surprise dans la photographie rap – photo transmise par Alex Ducarel
Alex Ducarel se lance à 18 ans au cœur d’un univers connu aux yeux de la majorité, mais peu des siens : le rap. Photographe et réalisateur indépendant, il a construit ses propres armes sur internet et a su s’allier des ficelles du métier.
Tout commence par l’envie de se faire remarquer au lycée. Pas passionné de rap, Alex Ducarel écoute quelques artistes mais ne se considère pas comme un “puriste”. Le jeune homme originaire de Paris s’est lancé par surprise dans la photographie rap, lorsqu’il est invité à assister au clip de deux grosses pointures, Jazzy Bazz et Jok’air. “Je voulais être réalisateur moi au départ, donc rien à voir, là c’était juste pour la vanne, dire aux autres que j’avais shooté Jok’air”, explique le jeune homme, en triturant son briquet rose fushia. La proposition plait, et les shootings s’enchaînent. Seul, le jeune homme se forme dès ses 18 ans à la technique et apprend sur le terrain. “En shooting j’agis au feeling, il faut avoir de la répartie artistique car la direction du clip est déjà posée”, précise-t-il, coudes posés sur ses jambes. Sur le tas, le jeune homme s’est vite familiarisé avec les notions de risques et d’échecs, en les considérant comme de l’apprentissage. “En 4 ans d’expérience je peux le dire, j’ai appris 15 fois plus sur le terrain qu’à l’école”, dit-il fièrement. Il réalise en 2020 sa première exposition dans Paris, avec de nombreuses ventes de ses clichés à la clé.
Un portfolio instagrammable
L’intégralité de son CV se trouve sur Instagram. Le démarchage, les premiers contacts, les propositions de projets : tout part d’un “DM”. “Si je n’ai pas Instagram demain, je suis dans la rue”, plaisante-t-il. De Kaaris à Jul, en passant par PLK, Laylow ou encore Josman, la majorité du casting rap est passé devant son objectif. Le fait de se présenter sur tous les plateaux lui a permis de créer du contenu exposable sur le marché et d’y apporter sa valeur ajoutée, via les réseaux sociaux. “Au début tu fais tes armes sans être payé, tu fais beaucoup de prestations gratuitement”, détaille-t-il. À seulement 18 ans, Alex Ducarel le voit comme une opportunité de se montrer plus que comme un travail. Ce qui arrange bien les maisons de disques. Toujours partant et gratuitement, les appels se font nombreux. “Je sais très bien comment fonctionne l’industrie. J’ai rapidement capté les enjeux, je bosse avec des patrons de labels, des managers, des producteurs, des artistes, des chefs de projet”, énonce-t-il, le regard rieur. Sa certification sur Instagram confirme son travail et lui permet d’obtenir de la reconnaissance et une rémunération. La règle est de ne pas donner son propre tarif et d’attendre celui du label, “la théorie c’est que quand un label donne un budget c’est qu’il a le double”, dit-il en se remettant une mèche de cheveux. À seulement 21 ans, le jeune homme a déjà exploré bon nombre de rouages du métier.
De la direction à la réalisation
L’esprit vif et compétiteur, le photographe sait où il veut aller. “Je ne le cache pas, je veux bien gagner ma vie et être le numéro un d’ici dix ans. Je suis en compétition avec moi-même”, reconnaît l’artiste aux longs bras tatoués. Durant ses 4 années dans l’univers du rap et de la photographie, Alex Ducarel a rempli son carnet d’adresse et a dessiné son chemin pour la suite, celle tant attendue : la réalisation. Commençant tout juste à réaliser des clips de rap avec la boîte de production qu’il a créé, Seul Films, le jeune artiste veut conquérir le monde de la pub, pour terminer au cinéma. “Mon objectif c’est d’avoir un Oscar du meilleur film. Il n’y a pas plus grande récompense”, dit-il, les jambes tremblantes, prêtes à bondir. Les yeux bien ouverts, Alex croit en sa belle lumière.
Léa Vincent