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Kendrick Lamar lors des Ardentes 2023 – crédit photo : Léa Vincent
Les Ardentes était Le rendez-vous rap à ne pas rater. Line-up 4 étoiles, tout le gratin du rap francophone et international se donnait rendez-vous sous le soleil liégeois, devant un public insatiable. Mais la gourmandise est un vilain défaut, dira-t-on. 60 000 festivaliers chaque jour, 25 000 campeurs parqués dans 25 hectares. Ça ressemble plus à un attroupement qu’à un festival. Et en un sens, c’est le cas. En pleine immersion dans le paysage festivalier, je découvre les embouteillages en tant que piétonne.1h à sortir du festival, juste parce que les sorties ne sont pas prévues pour recueillir autant de monde, sans membres du staff à l’horizon pour gérer en cas de mouvement de foule. Côté dépenses, je suis servie : tout a un prix, eau et douche comprise (quand il n’y a pas de pénurie), même sous plus de 30 degrés. Le message est frappant, le festival porte haut et fort la volonté d’être rentable. Des gros artistes programmés aux mêmes heures, sur deux scènes à même pas 500 mètres l’une de l’autre, entachant leur propre prestation (Cc Naza et Lous & bien d’autres). Vient ensuite le beau, le sublime, l’euphorie des concerts, Kaaris qui annonce son Bercy, Travis Scott son nouvel album Utopia, des scènes rap émergentes qui explosent. Et puis le mauvais. Ciel pleure. Annulation du dernier soir, pour risque d’orages et tempêtes. Le champ de Quechua doit déguerpir, et vite. Marathon, auto stop, trains surbookés, voilà ce qui attendait ceux qui étaient venus voir B2o, Freeze, Niska, Central Cee and co. Déception, fatigue, frustration s’entremêlent et les prestations de Playboy Carti ou encore Aya Nakamura ne suffisent pas à couvrir les noirceurs du tableau. Que retenir ? Que le rap fait vendre. On te sert donc la soupe, même quand c’est froid.
Léa Vincent