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Dinos lors de son concert au Zenith, en mars 2022 – crédit photo : Léa Vincent
Le documentaire “Dinos, mémoires” retrace l’ascension de Dinos, un artiste qui avait pour objectif d’être le meilleur rappeur. Le média rap Booska-P a suivi l’artiste qui a grandi dans le quartier de La Courneuve (93), pendant 2 ans, retraçant ses débuts, la connexion avec son manager, son retour au Cameroun, jusqu’à son premier Bercy.
“Quand j’ai commencé le rap, j’savais que j’irai loin”, scande le rappeur. Dinos alias “Nosdielpichichi” n’a plus rien à prouver au rap français, après 4 albums certifiés disque d’or, dont 2 disques de platine. “Dinos, mémoires”, le documentaire sorti le 12 juin 2023 sur la plateforme YouTube, produit par le média Booska-P, replonge ses auditeurs à la naissance de sa carrière, une époque où le jeune rappeur, porté par l’envie de réussir, s’est présenté à la ligue emblématique des battles, Rap Contenders. Très en vogue à l’époque (2011-2017), l’événement a vu passer les plus grosses références du rap, en termes de figures de style : Nekfeu, Alpha Wann, ou encore Laylow. Sûr de lui, Dinos enchaîne les battles, avec des punchlines et une dialectique aiguisée. “J’vois pas pourquoi je gagnerai pas, j’suis fort, je vais gagner frère”, se remémore-t-il, sourire aux lèvres. L’artiste se fait remarquer par Oumar, qui deviendra son producteur et manager, avec à la clé, un contrat chez Def Jam. Après quelques mésaventures, son producteur viendra créer son propre label, SPKTAQLR, dans lequel Dinos va embarquer, en première classe.
La rencontre
“J’ai senti le talent, il y avait un truc à faire”, raconte Oumar. Au départ directeur artistique chez Def Jam, il découvre Dinos, Jules de son vrai nom, sur internet. “Oumar voulait me signer on avait déjà eu un contact, je suis passé chez Def Jam pour lui faire écouter mon nouvel EP”. Les confessions du binôme placent le rôle d’Oumar au centre de la carrière de Dinos, rappelant l’investissement du producteur Diabi, dans “Nos étoiles vagabondes”, (documentaire sur la conception du dernier album de Nekfeu, NDLR).
“Aujourd’hui beaucoup de labels proposent aux artistes de l’argent, de l’avance, mais pas forcément une vision”, déclare Oumar. Réceptif à cette notion de développement, Dinos a suivi son manager, qui reconnaît avoir pris des risques pour l’artiste, lors de la conception de son premier album, Imany. “Le plus important, c’était l’alchimie entre l’artiste et moi. Sony, Universal, ce ne sont que des distributeurs pour nous à l’époque”, raconte-t-il. Le futur bras droit du rappeur avancera des fonds personnels, afin que Dinos puisse finaliser l’album, qui sera disque d’or trois ans plus tard, en 2021.
Une vision à long terme
« Avec Oumar, on avait un plan », raconte le rappeur. Imany, Taciturne, puis Stamina : les trois opus signés par l’artiste étaient prévus dès le début de sa collaboration avec son producteur et fidèle allié. Plus de 3 années passent et les titres s’enchaînent. « J’ai eu raison de lui faire confiance », reconnaît l’artiste. Main dans la main, les deux compères avancent et organisent la carrière de Dinos comme on met en place un business plan. Produit par Booska-P, le documentaire met en lumière cette complicité évidente, où le rôle d’Oumar est clé. Les 55 minutes réalisées par Alex Haze et Darryl Ngoufi décryptent l’ascension de l’artiste de La Courneuve, à travers son regard, pragmatique sur sa carrière.
Léa Vincent