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Yousra (au centre) accompagnée de sa première promo PRC – photo transmise par Yousra
À 26 ans, Yousra a exploré les coulisses du rap français sous plusieurs angles. Actuellement cheffe de projet marketing pour Redbull, elle a également exercé en tant que chargée de relation pour OKLM (média co-fondé par Booba, NDLR), chargée de projet pour le label Rush Management mais aussi avec la casquette d’attachée de presse indépendante. Ces bagages lui ont permis de faire partager son expérience via la PRC académie, une formation qu’elle a co-créée.
- Bonjour Yousra, comment t’est venue l’idée de travailler dans l’industrie musicale ?
Y : J’ai toujours voulu travailler dans la musique mais je ne savais pas sous quelle forme. J’ai fait des études dans l’audiovisuel, et déjà au lycée, j’essayais de créer mon propre média. J’étais un peu comme une geek sur mon ordi, je testais pleins de choses. Après le bac, je suis venue vivre à Paris afin d’avoir ma première expérience dans la musique. J’ai fait un stage de deux ans chez le label Bomayé Musik. Je suis devenue auto-entrepreneuse à 20 ans. S’est ensuite enchaîné plusieurs expériences en tant que chargée de projet au sein du label Rush Management, chargée de relation pour OKLM, etc…
- Tu as aussi créé l’agence Lananas, peux-tu nous en dire plus ?
Y : Après toutes les petites expériences que j’ai pu faire en quittant Rush Management, j’ai été sollicité pour des missions d’attachée de presse ou en tant que cheffe de projet. Lananas regroupe officieusement toutes ces casquettes que j’appelle du « creative business développement ». Je développe des business créatifs côté promotion et aussi côté commercial. Ça peut être pour des artistes, comme Tif, ou Ben PLG, mais aussi pour des médias tels que Lacrem (média rap, NDLR). Tout ça, c’est Lananas.
- Tu ouvres aujourd’hui la deuxième édition de la formation PRC académie que tu as co-créé. Peux-tu nous en dire plus ?
Y : C’est un dispositif pour celles qui veulent se professionnaliser dans l’industrie musicale. PRC signifie penser, rencontrer et créer. À travers cette formation, je veux accompagner des femmes dans ce milieu. La formation dure 6 mois : 3 mois en cours du soir, avec des intervenant(e)s, et 3 mois de cas pratique.
- Tu abordes quelles parties de l’industrie dans cette formation ?
Y : Il y a une partie marketing, gestion de projet mais aussi les métiers du live, le business, la partie édition et aussi le journalisme. Le but est de parcourir l’ensemble des métiers et de créer des passerelles entre les professionnels et les participantes. Je veux que PRC leur permettent d’avoir des premières expériences dans la musique.
- Tu as eu une première édition pilote en septembre dernier. Comment ça s’est déroulé ?
Y : C’était très intense, car j’ai entamé cette première promo pilote en même temps que mes débuts chez Redbull, le 22 septembre 2022. J’étais à flux tendu, en train de booker les intervenants. Mais au final, ça a été un succès. On lance la deuxième en septembre. On a reçu énormément de candidatures et 50 personnes ont été reçues. C’était dur de faire des choix.
- Comment t’est venue l’idée de ce projet ?
Y : C’est un projet auquel je pense depuis que j’ai 21-22 ans. Travaillant dans ce milieu depuis plusieurs années, je me suis rendue compte qu’il y avait pleins de gens talentueux autour de moi, des jeunes, et il y avait un truc à faire. J’ai commencé à réunir une vingtaine de personnes. On s’est demandé : ok qu’est ce qu’on fait, c’était brouillon. Le but était de faire des contenus sur les coulisses du milieu, j’avais un carnet de notes de 80 pages que j’alimentais, ça contenait des documentaires, de la transmission de l’information, des événements plus ludiques. Entre temps j’avais solidifié un carnet d’adresses avec pleins de professionnels. Pour sonder l’intérêt, j’ai lancé un tweet où j’ai demandé « Est-ce qu’il y a des jeunes femmes qui veulent travailler dans l’industrie musicale ? ». Ce post a donné naissance à une multitude de réponses et de sollicitations. Ça a été le point de départ de PRC académie.
- Cette formation est à destination des femmes qui veulent travailler dans ce milieu. Était-ce un choix ?
Y : Ce n’était pas une volonté de ne choisir que des femmes au départ. Ma meilleure amie, qui m’accompagne sur ce projet, est assistante sociale, on se complète sur la partie social et la partie industrie. On avait plus une vision de mettre en avant les quartiers populaires. Le rap, c’est la musique des français et aujourd’hui tout le monde se jette dessus mais la cible première n’est pas au courant qu’il existe d’autres métiers que rappeur(e)s et footballeur(e)s. On voulait qu’ils/elles se réapproprient leur culture. La devise de manière générale c’était d’encourager des profils peu valorisés et les femmes en font partie. Dans cette promo pilote, ça a permis de créer de la sororité entre elles.
- Quelle suite souhaites-tu donner à PRC, est-ce qu’elle va rester uniquement féminine ?
Y : On tendra à s’ouvrir à terme. Mais pour le moment, on veut montrer qu’il existe pleins de femmes talentueuses dans ce milieu et j’espère qu’on va réussir à dépasser ce travail-là. On a d’ailleurs intégré des safe talk sur ces sujets-là et sur les métiers passion. Ces talks sont aussi importants que la partie très technique du métier.
Propos recueillis par Léa Vincent